Lutter contre la stigmatisation et trouver du soutien
- Projet de Photovoice de Cercles Sudbury
- Amy Willans, défenseure des personnes atteintes de problèmes de santé mentale
- Remerciements
Le programme Cercles est conçu de manière à favoriser une meilleure collaboration entre les partenaires communautaires afin d’aborder les obstacles à l’échelle de la communauté pour aider à réduire la pauvreté. Chaque année, les participants de Cercles Sudbury travaillent conjointement avec le comité directeur des Partenaires pour éliminer la pauvreté afin de décider d’un élément clé sur lequel se concentrer sur le plan communautaire pour lutter contre la pauvreté. Il s’agit de Vue d’ensemble annuelle. Vue d’ensemble est bénéfique pour nos participants du programme Cercles et les membres de leur famille, mais il se concentre aussi sur les 21 000 autres membres de notre communauté qui vivent actuellement dans la pauvreté. En 2019, au lieu d’un seul problème, les participants de Cercles ont accordé la priorité à deux problèmes interdépendants sur lesquels se concentrer conjointement en 2019 et en 2020 : la stigmatisation et les difficultés liées à la maladie mentale et à l’accès aux soutiens à la santé mentale, et le manque d’accès à un logement abordable. Le fait de faire de la santé mentale une priorité concorde avec l’engagement de Santé publique Sudbury et districts à valoriser la santé mentale au même titre que la santé physique et les efforts continus des organismes pour soutenir la santé mentale dans nos communautés qui sont décrits dans le Cadre d’action en matière de santé mentale de la population.
Le 11 mars 2020, l’événement Lutter contre la stigmatisation et trouver du soutien a eu lieu à Science Nord. L’événement était présenté de concert par la série de conférences du doyen de l’École de médecine du Nord de l’Ontario et de Santé publique Sudbury et districts. Cet événement a été organisé pour sensibiliser le public à la stigmatisation et à la discrimination dont sont victimes les personnes souffrant de problèmes de santé mentale ainsi qu’à l’importance des soutiens sociaux. L’événement a également permis aux personnes les plus touchées de parler de leurs histoires vécues et des difficultés liées à l’accès aux soutiens en matière de santé mentale, à l’obtention d’un logement abordable et à la vie avec un faible revenu dans notre communauté.
L’événement incluait une conférence d’Amy Willans, défenseure des personnes atteintes de problèmes de santé mentale et un projet de Photovoice élaboré par les participants de Cercles Sudbury.
Les objectifs de l’événement Lutter contre la stigmatisation et trouver du soutien étaient de sensibiliser la population et d’inspirer des actions pour aborder :
- les difficultés d’accès aux soutiens à la santé mentale et à la stigmatisation
- les difficultés d’accès à un logement sécuritaire et abordable
- l’importance d’avoir du soutien social pour tous
Qui y a participé?
Environ 150 membres de la communauté et décideurs du Grand Sudbury ont participé à l’événement.
Visionnez la vidéo pour voir des extraits de l’événement Lutter contre la stigmatisation et trouver du soutien.
Projet de Photovoice de Cercles Sudbury
Photovoice est une méthode de recherche où les participants prennent des photos pour cerner leurs préoccupations personnelles, dépeindre leurs luttes et sensibiliser la population aux problèmes de la communauté. La méthode de Photovoice a été conçue pour responsabiliser les participants; elle aide souvent ceux dont la voix n’est pas entendue à se faire entendre sur les problèmes qui nuisent à leur existence. Le projet Photovoice de Cercles Sudbury a donné aux leaders (participants) l’occasion de consigner de manière créative et de réfléchir à leurs propres expériences en matière de maladie mentale, de stigmatisation, de logement et de soutien social. Les images et les textes créés dans le cadre du projet ont fourni une plateforme pour raconter des histoires d’expériences vécues à un public plus large dans le but de créer une prise de conscience, de susciter de la compassion et d’encourager l’action sociale.
Le projet de Photovoice de Cercles Sudbury se concentre sur :
- les difficultés d’accès aux soutiens à la santé mentale et à la stigmatisation
- le manque de logements abordables
- les avantages du soutien social offert par le programme Cercles
Les images et les récits associés à chaque image ont été transformés en grandes œuvres d’art et exposés lors de l’événement Lutter contre la stigmatisation et trouver du soutien. L’ensemble de la collection a également été rassemblé dans un livre et remis aux leaders de Cercles pour les remercier d’avoir si généreusement partagé leurs expériences dans le cadre de ce projet.
Vous trouverez ci-dessous une copie de toutes les œuvres créées dans le cadre de ce projet.
Vivre dans un environnement toxique nuit à tous les aspects de votre vie. J’ai fait appel à d’innombrables organismes communautaires pour obtenir de l’aide, mais sans succès, car ma situation ne répondait pas à leurs critères. J’étais bloqué sur une voie sans issue.
J’ai deux beaux enfants qui sont tous deux autistes. Je n’entendrai peut-être jamais la voix de mon fils et ma fille aura beaucoup de difficultés. Pourtant, l’amour n’a pas besoin de mots. Vivre dans la pauvreté est déjà assez difficile. Le manque de services pour l’autisme et les coupures dans le peu de services dont nous disposions signifient que je dois porter encore plus ma famille sur mes épaules.
La dépression et l’anxiété ne touchent pas seulement la personne qui en souffre, mais toute sa famille. Dans mon cas, la dépression a fini par prendre toute la place dans ma vie. La stigmatisation associée à la santé mentale empêche les gens de chercher le soutien dont ils ont besoin. Si ces médicaments étaient destinés à contrer une maladie physique, personne n’y penserait à deux fois, mais lorsqu’ils sont utilisés pour lutter contre une maladie mentale, tout le monde a son mot à dire.
Il est difficile de se procurer les besoins de base de la vie. Lorsque vous vivez dans un logement subventionné, vous êtes entouré de ceux qui partagent des expériences similaires de survie. Tout le monde a du mal à joindre les deux bouts, les gens sont toujours à la recherche de soutien. Habituellement, ce sont de petites choses comme une tasse de sucre supplémentaire, un sac de lait ou quelques œufs. Il ne s’agit pas là de petites choses, quand vous devez choisir entre donner à quelqu’un dans le besoin et nourrir vos propres enfants.
Ma famille doit vivre dans un logement subventionné et dans la pauvreté à cause du manque de logements abordables dans la ville. Notre maison est remplie d’amour, nous avons un toit au-dessus de la tête et de la nourriture dans le frigo, malgré les nombreux obstacles auxquels nous sommes confrontés. On nous compare souvent à ce que la société considère comme une « bonne » famille. Pourtant, les familles qui vivent dans la pauvreté sont stigmatisées et ne sont pas considérées comme de bonnes familles. Je vis dans l’inquiétude constante qu’une personne de la protection de l’enfance frappe à ma porte à l’improviste.
Le manque de logements abordables m’oblige à faire des choix difficiles. Je dois choisir entre acheter une nouvelle paire de chaussures à mes enfants ou payer mon loyer. Personne ne devrait avoir à choisir entre les besoins de base de la vie.
Je ne peux pas voir au-delà de ma maladie mentale, car elle me couvre les yeux. Elle me bloque la bouche parce que mes émotions sont floues et qu’il est difficile de savoir ce qu’il faut ressentir, quand et à qui l’exprimer. Tout ce que l’on peut voir, c’est la jolie esquisse que je vous donne. Je ressens le besoin d’afficher un visage courageux devant mes amis et ma famille pour masquer ce qui se passe vraiment en moi.
Ma maladie mentale m’amène à remettre en question ma propre force. Je crois que je ne suis pas assez fort. Il y a un manque de confiance constant. J’en arrive à vouloir m’arracher les cheveux, tant je suis frustré.
Quand on passe à la pauvreté, on passe à la saleté. Quand on vit dans la pauvreté, trouver un logement avec 500 dollars n’est pas une question d’emplacement parfait, ni de droit à l’espace. C’est de choisir si vous voulez vivre avec des punaises de lit et des coquerelles, ou dans des espaces communs insalubres. Ce ne sont pas des choix que les personnes vivant dans la pauvreté devraient avoir à faire.
Mon allié et moi, nous nous faisons un poing à poing quand nous nous rencontrons. Cette photo symbolise les amitiés que j’ai nouées.
Cercles m’a permis d’acquérir de la confiance en moi-même. Avant Cercles, sortir de la maison était un défi. Cette photo représente le fait de ne pas vouloir partir, mais de faire de petits pas et de trouver votre lumière dans l’obscurité.
Les relations que j’ai établies à Cercles m’ont aidé à m’épanouir, à partager mes intérêts et à redonner à ma communauté.
Je ne m’attendais pas à surmonter mes peurs et mon passé. Cercles m’a aidé à réaliser que je suis assez forte, que je suis assez intelligente et que je peux atteindre mes objectifs.
Cette photo n’aurait pas vu le jour sans Cercles. Je n’aurais jamais poursuivi mes études. Cercles m’a fait comprendre qu’il n’est jamais trop tard pour aller à l’école, atteindre ses objectifs ou s’efforcer d’être qui on veut vraiment être.
Cercles m’a montré que vous n’avez pas à faire face seul aux difficultés, dans la mesure où les bonnes personnes vous soutiennent!
Il est difficile de trouver un soutien authentique à Sudbury. Les alliés comprennent, ils prennent des nouvelles de moi et peu importe ce qu’il m’arrive, ils sont là.
Cercles m’a donné la capacité de lâcher prise sur le passé, m’a aidé à être reconnaissant de ce qui est important pour moi maintenant, tout en me soutenant afin que je découvre en moi force et résilience, ce qui me fait envisager l’avenir avec optimisme.
Amy Willans, défenseure des personnes atteintes de problèmes de santé mentale
Amy Willans, 2019
Amy Willans, qui vit à Edmondon, est une défenseure, une auteure et une conférencière de renom dans le domaine de la santé mentale. Amy a partagé son expérience de la maladie mentale, de la stigmatisation et de l’espoir dans le cadre d’une conférence percutante lors de l’événement Lutter contre la stigmatisation et trouver du soutien. Elle a également étudié les œuvres du projet de Photovoice de Cercles créées par les participants au programme; elle a été tellement émue par les photos et les histoires qu’elle a écrit une lettre aux participants de Cercles et en a parlé à la fin de sa conférence. La belle et touchante lettre adressée aux leaders de Cercles Sudbury (participants) se trouve ci-dessous.
Lettre aux participants de Cercles Sudbury (en anglais seulement), en réaction à leurs photos, mars 2020
I’ll settle for the snow, as long as it comes with gentleness.
For the rain, as long as there is an umbrella.
For the darkness, as long as there is dawn.
I’ll settle on forgiveness, because of the sweet smell of lilac.
I’ll settle for the smile from the nurse, the one who cares for my father. For my sister and her beautiful children. How the noise of their chatter is comforting.
I wanted to write a poem about courage. Instead, it’s a poem about tenderness. The muffins rising in the oven. Bowls of cantaloupe and peaches.
I wanted to tell you that you moved me, not like wind, but with beauty. How I couldn’t look away. How I’m forever changed by an image.
I want to promise you a delicate touch of a hand. I want to bring softness to pain. I want to promise security and warmth and safety. But I can’t do that. Instead, I’ll pass you hope and a soft shoulder and a handwritten map. I’ll be your witness, your companion, perhaps a compass.
I’ll settle for the road, as long as there is a signpost or a tree, that marks the perfect spot to turn, to find the perfect spot to sit. It’s out in the pasture and there’s a creek, and I don’t think anyone will be there, and I think you’ll find some peace.
I’ll settle for a bath, warm and softened with lavender. My skin tingling with warmth, the cat on the counter watching the bubbles pucker-up and then leave.
I’ll settle for an oven that smokes. For the food I gently prepare. For my fingers smelling of garlic and leek.
I want to talk about all the difficult decisions: Food or rent? Heat or shoes?
When you’re trapped in an unsettled mind. When sadness claws and shadow breaks, what do you do?
It’s courage that holds us tight, reassures us to continue.
I didn’t know that I would skate again. I didn’t want to hope. But I’ll settle for the cold ice, as long as there are two blades and some blue knitted mittens. How I still love the chill and the speed and the smell of Zamboni gasoline.
I’ll settle for this body, although tired and creaky. For my cheeks, and my freckles. I’ll try kindness instead of cruelty.
There is a home that I always dream about. Its roof is slanted and high, but it leaks. And the paint runs down the walls and the beams begin to loosen and weep. And all the china, in the china cabinet, cracks and falls to pieces, and the silver tarnishes and the paintings grieve.
But for some reason in the dream, I don’t want to leave. Because it is my home, although broken and beat.
But I’ll settle for the home I have now, it’s easy to give in to, smells of vanilla and after shave.
I’ll settle for the bare trees, because soon they will fill.
Courage is an act.
Tenderness is a heart.
How the two are inseparable. To open takes courage. To allow in the snow and the rain and all the disappointments that come with this life, so tender.
To dream and need and want and desire. To leave and open and listen, really listen. All acts of courage.
To roast a chicken with onion and butter. To peel potatoes and corn. To put a little bit of salt and a little bit of pepper, then, rub the skin and wish it well, is tenderness.
I’ll settle for this path, although uneven. For the curve and the light rain. How unpredictable, yet beautiful, the emerging green.
The little girl in me loved too many things. Stretched her heart so thin. Instead, settle for the fence as long as there is a gate. Settle for the bushes when you desire escape. Help the blue jay when a wing is broken, water the thirsty petunias, kiss your father on the cheek, because you know one day he’ll find peace.
I’ll settle for this evening. Raw and hopeful. A blessing. For where there is shadow, there is light. For that part of you that insists on living. How very grateful I am to be here with you.
Remerciements
Santé publique Sudbury et districts est extrêmement reconnaissant du soutien des personnes et des organismes suivants dans le cadre de l’événement Lutter contre la stigmatisation et trouver du soutien.
- Les personnes du programme Cercles Sudbury qui ont parlé de leurs histoires personnelles et qui ont travaillé avec nous pour créer l’exposition de Photovoice.
- Le partenariat avec la série de conférences du doyen de l’École de médecine du Nord de l’Ontario pour son appui à l’événement.
- Le comité directeur de Partenaires pour éliminer la pauvreté dans le cadre de l’initiative pour réduire la pauvreté Cercles Sudbury.
Dernière modification : 12 novembre 2020