Étude sur la nécessité et la faisabilité d’instaurer des services de consommation supervisée dans la Ville du Grand Sudbury Sommaire et points saillants

« Nous reconnaissons avec respect le territoire traditionnel des Premières Nations Atikameksheng Anishnawbek et Wahnapitae, qui est couvert par le Traité Robinson-Huron et sur lequel la présente étude a été menée. Sur ces terres habitent des groupes forts et dynamiques du peuple Anishinabek et d’autres populations autochtones. Leur présence durable et leur résilience se font sentir dans notre histoire commune et encore de nos jours. Nous nous efforçons d’entretenir des relations respectueuses avec tous les peuples autochtones. Nous nous engageons à honorer cette histoire et à créer des communautés plus saines pour tous »

Sommaire

Dans le cadre de la Stratégie communautaire contre les drogues de la Ville du Grand Sudbury, une étude a été entreprise dans le but de déterminer la nécessité et la faisabilité d’instaurer des services de consommation supervisée (SCS) dans le Grand Sudbury. Ces services sont des espaces surveillés où les gens peuvent consommer des drogues sous surveillance avec du matériel stérile. L’étude s’est déroulée entre avril 2019 et juin 2020. L’étude consistait en un sondage auprès des personnes qui s’injectent des drogues, un sondage auprès de la population du Grand Sudbury, des discussions en groupe avec des partenaires communautaires et des parties prenantes, et une analyse des données secondaires.

La Ville du Grand Sudbury tirerait profit de services de consommation supervisée.

Bien qu’il existe des services de réduction des méfaits dans le Grand Sudbury, les effets nuisibles sur la santé qui sont associés à la consommation de drogues injectables sont considérables et vont en augmentant. En 2018, selon les taux pour 1000 habitants, le secteur de Sudbury et districts se classait douzième dans la province au chapitre des visites au service des urgences liées aux opioïdes, septième à celui des décès dont le rapport avec les opioïdes a été confirmé, et dixième à celui des hospitalisations. Les effets négatifs se font sentir de plus en plus. La fréquence des appels aux services médicaux d’urgence (SMU) pour des cas soupçonnés de surdose d’opioïdes a plus que doublé en 2019, comparativement à 2018. Les trois-quarts (75,0 %) des personnes qui s’injectent des drogues et qui ont répondu au sondage les concernant ont indiqué s’être injecté des drogues en public. Plus de la moitié d’entre elles avaient fait une surdose au cours de leur vie.

Du point de vue des autorités policières et des fournisseurs de soins de santé, la consommation d’alcool et d’autres drogues exerce une pression sur les services sociaux, la police, les services paramédicaux et les hôpitaux. Lorsque du personnel des SMU et des policiers ou policières doivent se présenter sur les lieux d’une surdose, ils ne peuvent répondre à d’autres besoins communautaires.

Les services de consommation supervisée peuvent représenter une stratégie réalisable pour la Ville du Grand Sudbury, mais il faut aborder certaines inquiétudes.

Les personnes qui recourraient peut-être à ces services (89,0 %) sont d’avis qu’elles les utiliseraient s’ils étaient offerts. Et parmi les personnes qui ont répondu au sondage communautaire, 59,8 % estimaient que ces services seraient utiles dans le Grand Sudbury. Les trois groupes qui ont participé à l’étude ont souligné que les principaux avantages des SCS seraient la prévention et le traitement des surdoses accidentelles et la possibilité d’obtenir du matériel d’injection stérile.

Parmi les autres avantages qu’ont indiqués les trois groupes figurent une baisse de la consommation de drogues dans les rues ou les parcs, une diminution du nombre de seringues usagées qui y seraient trouvées, et le risque moindre de blessures et de décès causés par une surdose. Les inquiétudes exprimées dans le sondage avaient trait à la sécurité des quartiers, à l’augmentation du taux de criminalité et de la consommation de drogues, et à la hausse du nombre de vendeurs de drogues qui cibleraient le secteur. Bien que certaines personnes répondantes n’appuyaient pas l’idée de SCS et n’aient pas répondu à la question sur les stratégies d’atténuation, d’autres étaient d’avis que certaines inquiétudes pourraient être abordées par des stratégies comme l’évaluation des services, le partage des résultats avec la population et la prise de mesures (58,2 %), la fourniture de renseignements sur les buts et les avantages des SCS (48,7 %), et la création d’un groupe communautaire qui aurait pour tâche de se pencher sur les enjeux touchant les SCS (33,9 %).

Si des SCS sont envisagés dans le Grand Sudbury, toutes les personnes consultées ont suggéré de choisir l’endroit avec soin. L’idée qui revenait le plus souvent était d’opter pour un lieu en plein centre-ville, qui se trouverait à proximité des services existants de réduction des méfaits et de la plupart des services sociaux et de soins de santé, et qui y serait intégré. Certaines ont aussi proposé un service mobile.

Points saillants

Les services de consommation supervisée (SCS) sont des espaces contrôlés où les gens peuvent consommer des drogues sous surveillance dans un environnement pourvu de matériel stérile.

Dans le cadre de la Stratégie communautaire contre les drogues de la Ville du Grand Sudbury, une étude a été entreprise dans le but de déterminer la nécessité et la faisabilité d’instaurer des SCS. L’étude consistait en un sondage dirigé par des pairs et mené auprès de 190 personnes qui s’injectent des drogues, un sondage en ligne auquel ont répondu 2 251 citoyens du Grand Sudbury et des discussions en groupe avec 52 partenaires communautaires et parties prenantes. En plus de ces sources primaires de renseignements, les chercheurs ont aussi consulté des données secondaires sur la santé des populations, la consommation de drogues, les méfaits des opioïdes, les tendances en matière de prescription, la toxicité des opioïdes et les surdoses d’opioïdes.

La Ville du Grand Sudbury tirerait profit de services de consommation supervisée.

Du point de vue des autorités policières et des fournisseurs de soins de santé, la consommation de drogues exerce une pression sur les services sociaux, la police, les services paramédicaux et les hôpitaux. Lorsque du personnel des SMU et des policiers ou policières doivent se présenter sur les lieux d’une surdose, ils ne peuvent répondre à d’autres besoins communautaires.

Les services de consommation supervisée peuvent représenter une stratégie réalisable pour la Ville du Grand Sudbury, mais il faudrait aborder certaines inquiétudes.

La plupart des personnes qui s’injectent des drogues (89,0 %) ont signalé qu’elles seraient disposées à utiliser un SCS. À leur avis, le principal avantage serait l’accès à du matériel d’injection stérile (27,5 %), ou encore la prévention (20,9 %) ou le traitement (20,3 %) possible des surdoses.

Parmi les personnes qui ont répondu au sondage communautaire, 59,8 % estimaient que ces services seraient utiles dans le Grand Sudbury, alors que 33,6 % pensaient le contraire et que 6,1 % avaient une opinion neutre ou ignoraient au juste quelle réponse fournir.

Les parties prenantes ont indiqué des avantages pour les personnes qui s’injectent des drogues, la population et les services.

« Avoir un SCS offre comme avantage le fait qu’il se trouve à un seul endroit et qu’il offre un accès à d’autres services. Alors, qu’il s’agisse de fournir des renseignements sur les drogues ou un accès à du personnel infirmier ou en travail social, ou à d’autres personnes, je suppose qu’en fin de compte, l’idée c’est que si vous avez une personne qui consomme devant vous, vous pouvez tenter de l’aider ».

Voici les avantages possibles que les personnes répondantes ont indiqués :

Les services de consommation supervisée soulèvent des inquiétudes et présentent des défis.

Bien que 89,0 % des personnes qui s’injectent des drogues ont signalé qu’elles utiliseraient les SCS, celles qui ont répondu le contraire ou qui ne le feraient pas souvent ont exprimé des inquiétudes concernant l’anonymat et leur peur de la police, ou ont noté qu’elles étaient autonomes et qu’elles n’avaient nullement besoin de ces services.

Les propriétaires de commerce et les citoyens ont exprimé des inquiétudes concernant les effets négatifs dans le secteur des SCS. Selon eux, des effets se feraient sentir sur la sécurité et l’attrait perçus des quartiers, et il y aurait peut-être une augmentation du taux de criminalité et de la consommation de drogues, ainsi que du nombre de vendeurs de drogues qui cibleraient la région. Environ le tiers des personnes répondantes ont exprimé des inquiétudes quant au fait que les SCS pourraient faire augmenter la consommation, la vente et le trafic de drogues dans les environs ainsi que le nombre de personnes utilisatrices qui s’y trouvent.

Il existe des stratégies possibles d’atténuation pour aborder les inquiétudes.

Selon certaines personnes qui ont participé aux discussions en groupe, bon nombre d’inquiétudes sont dues au manque de connaissances sur les avantages et l’efficacité des SCS et au manque de compréhension sur la santé ou la maladie mentale et le lien avec la dépendance. Toujours selon elles, une sensibilisation accrue pourrait atténuer certaines des inquiétudes. Les citoyens étaient d’avis que certaines stratégies communes d’atténuation pourraient être utiles :

Les services de consommation supervisée devraient être intégrés à des services existants.

Selon les personnes qui ont participé aux discussions en groupe, il importe de s’inspirer des programmes actuels de réduction des méfaits qui sont offerts dans le Grand Sudbury. Les organismes qui offrent ces programmes possèdent l’approche ou le modèle qui convient pour répondre aux besoins des personnes qui utiliseraient les SCS et à ceux de la population en général.

Si des services de consommation supervisée étaient envisagés, il faudrait choisir avec soin les endroits les plus appropriés.

Les personnes qui ont répondu au sondage communautaire étaient préoccupées par le fait que les SCS puissent se trouver à proximité d’écoles ou d’autres lieux communautaires fréquentés par des enfants. Si des SCS étaient envisagés, les personnes qui s’injectent des drogues allaient très probablement suggérer de les installer en plein centre-ville de Sudbury (65,8 %) parmi les endroits possibles. En général, parmi les personnes qui songeraient à des SCS comme solution, celles qui ont participé aux discussions en groupe et celles qui ont répondu au sondage communautaire ont suggéré un endroit en plein centre-ville, bien qu’un site mobile ait aussi été proposé pour fournir des services plus près du milieu de vie des personnes utilisatrices. Il se trouverait ainsi à proximité de la plupart des services sociaux et de soins de santé, offerts dans le secteur.

 


Dernière modification : 29 juin 2020